postface de Nathalie kauder

Un jour Charles dit qu’il veut retourner en Afrique. Je dis Charles est fou. Il dit que non, qu’il veut semer des ateliers de peinture chez les enfants chocolat. Je dis Charles a serré, il est guedin, ses patients-peintres de l’hôpital psychiatrique me l’ont contaminé. Il dit qu’il a retrouvé l’Afrique à Bordeaux. Je dis, rentre à Marseille Charles, rentre te reposer, après tu réfléchiras. Charles est bien rentré, mais il ne s’est jamais reposé parce que c’était déjà tout réfléchi. En 6 mois, il a parlé, couru, marché, roulé en long, en large et en travers. Il a levé les fonds pour le projet et puis il est parti. Comme ça. Je ne connais pas l’Afrique. Mais je connais Charles. Enfin, je croyais. Prenez Charles : d’un côté, le faciès d’un type aux abords hirsutes, fou ? SDF ? artiste ? De l’autre, le corps costumé à tout jamais indéfroissable d’un type bien sous tous rapports, chef d’entreprise ? avocat ? médecin ? C’est aussi l’homme qui devint architecte pour avoir un métier, puis peintre pour avoir une vie. C’est l’homme malade d’être attaché, celui qui rit sous cape dès qu’on le range et vous regarde avec douceur vous embourber dans vos a priori. Celui qui mange à même le trottoir et savoure avec des grâces de danseuse étoile un Chasse-Spleen au Château . Laissez tomber ce que vous savez.
Nathalie Kauder

Une réponse à “postface de Nathalie kauder

  1. Patrick ⋅

    Il en est ainsi des êtres qui vont et viennent au grès de la vie et de l’envie
    Je n’ai d’autres certitudes que le doute et l’amour, mais je ne doute pas de l’amour
    Le souvenir est là magique, elfique … si loin mais si présent

    Plume d’Elan
    Marseille

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